LE SOLEIL (DP) n°14128 - Page 4 - LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn 4 LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn Education & Santé 5 Les membres de la Plateforme pour l’environnement et la réappropriation du littoral (Perl) continuent de dénoncer le bradage des terres le long de la corniche de Dakar. En conférence de presse le 10 juin, Pierre Goudiaby Atépa, président d’honneur de la Perl, et ses amis ont réaffirmé leur combat pour la sauvegarde de la corniche. Selon lui, ce sont de hauts fonctionnaires de l’Etat qui distribuent des terrains à des tiers qui les reprennent pour les vendre plus chers. « Une plainte a été déposée auprès de l’Ofnac pour apporter des éclairages sur ces ventes », a précisé M. Goudiaby qui a qualifié ces ventes de scandales puisqu’on brade des terres qui appartiennent à tous les Sénégalais. « Le Terrou-bi s’est engagé à restituer la plage des enfants. Il n’en est rien. Pis, il y a, aujourd’hui, tout autour de la mer, des fondations et des immeubles en cours de construction sur un espace pour lequel le chef de l’Etat avait promis qu’il y aurait un concours d’architecture pour être aménagé espace public. Il n’en est rien là aussi », a regretté le président d’honneur de la Perl. Il a d’ailleurs invité le président de la République a donné des instructions pour que l’on arrête tous les travaux de construction de bâtiments sur la corniche. « Cependant, nous n’attendons pas tout cela, parce que nous avons commis des avocats qui vont déposer une plainte contre l’hôtel Terrou-bi et le maire de Point E qui a délivré des permis de construire », a informé Pierre Goudiaby. Me Massokhna Kane fait partie des avocats commis pour défendre ce dossier devant les instances juridictionnelles. Il a qualifié les constructions le long de la corniche de crime. Selon lui, le littoral est un bien public qui appartient à tout le monde, surtout aux futures générations. « Malheureusement, on est en train de partager des terres de ce domaine à des fins purement commerciales », s’est désolé l’avocat, informant que les immeubles vendues le long de la corniche peuvent coûter jusqu’à 700 millions de FCfa. « On n’a pas le droit, dans un pays civilisé, de priver les populations des plages. A Dakar, aujourd’hui, nous ne voyons plus la mer. Le combat de la défense de la corniche est donc une affaire de tous », a lancé Me Kane qui a averti les détenteurs des immeubles et autres baux sur le littoral que, tôt ou tard, ils perdront leurs biens parce qu’il y a des lois qui permettent au peuple de demander la réappropriation du bien commun. « Nous mettons en garde les gens qui sont en train de construire sur la corniche », a-til souligné. La corniche, d’après le président de la Perl, Moctar Bâ, devrait être aménagée en espace vert avec des bancs publics, des lampadaires, des terrains de jeux ou de sport pour les jeunes. « Malheureusement, le littoral est transformé en immeubles commerciales au détriment du peuple. Tout cela va cesser parce qu’il y a des procédures judiciaires engagées contre ceux qui bradent les terres de la corniche », a-t-il informé. M. Bâ et ses camarades n’écartent pas d’engager les procédures judiciaires sur le plan international pour sauver la corniche. Eugène KALY BRADAGE DES TERRES DE LA CORNICHE Une plainte annoncée contre la mairie de Point E, de hauts fonctionnaires et l’hôtel Terrou-bi Pour stopper le bradage des terres le long de la Corniche, les responsables de la Plateforme pour l’environnement et la réappropriation du littoral (Perl) vont déposer une plainte contre la mairie de Point E, l’hôtel Terrou-bi et de hauts fonctionnaires de l’Etat. Des avocats sont commis pour défendre ce dossier judiciaire et permettre de sauver la corniche. NETTOYAGE DE LA PLAGE DE NGOR Une opération de nettoyage de l’océan, menée récemment, a permis d’extraire du fond marin de Ngor une tonne de déchets. C’est ce qu’a fait savoir le 1er adjoint au maire de la commune, Alpha Bâ, venu prendre part à l’opération de nettoyage de cette plage initiée par le Centre d’information des Nations unies (Cinu), en partenariat avec les ministères de l’Environnement et de la Gouvernance locale. Cette campagne de sensibilisation sur les dangers de la pollution marine vise à marquer trois dates clefs de la semaine écoulée. La première est la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin. La deuxième a concerné la Journée mondiale des océans, commémorée le 8 juin. Et la troisième date est la conférence sur les océans et les Objectifs de développement durable (Odd) qui s’est achevée vendredi soir à New York. « Il faut que les gens prennent conscience que les océans sont menacés par plusieurs périls. Le premier et le plus visible est le péril plastique. A ce rythme, dans 50 ans, il y aura plus de plastiques que de poissons dans l’océan. Le deuxième est la surpêche. Enfin, il faut garder à l’esprit que l’océan nous fournit 50 % de notre oxygène. Ils sont vitaux pour nous, et il faut absolument qu’on mène des actions sur le plan mondial pour les préserver », a estimé Minielle Barro, chargée de Bureau au Cinu. Les autorités locales de Ngor ont fortement salué l’initiative. Selon le 1er adjoint au maire, la baie de Ngor constitue la carte postale de la commune, et ils sont conscients qu’ils doivent faire beaucoup d’efforts pour l’entretenir. « Nous recevons des milliers de personnes par jour qui viennent avec leurs déchets et, dès fois, les efforts de la commune ne suffisent pas. Donc, si nous voyons une aide qui vient de l’extérieur, nous l’accueillons à bras ouvert », a déclaré M. Bâ. A l’en croire, la commune est consciente que la pollution marine est une problématique qui est là, mais elle y réfléchit tous les jours pour essayer d’y trouver des solutions. « Beaucoup de stratégies sont en train d’être développées de notre côté », a-t-il mentionné. « Nous avons pensé que malgré les dispositifs mis en place, la plage de Ngor reste à mettre dans un état de salubrité plus acceptable. Nous avons pu mobiliser nos techniciens de surface mais aussi des associations communautaires de base et des bonnes volontés pour mener cette opération » a, de son côté, relevé Lamine Kébé, coordonnateur départemental de l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (Ucg) au ministère de la Gouvernance locale. Ndiol Maka SECK Une tonne de déchets extraits du fond marin La pollution marine reste une réalité à Ngor, une plage très prisée des Dakarois. Selon le 1er adjoint au maire, c’est une tonne de déchets qui ont été extraits récemment du fond marin lors d’une opération de nettoyage. L’association d’appui au développement « Nebeday » envisage de reverdir les villes de Dakar, Kaolack et Joal avec des espèces fruitières. C’est l’un des volets d’un ambitieux projet de reboisement dit « Opération 300.000 arbres » que l’organisation basée dans la commune de Toubacouta (capitale du Delta du Saloum) compte mettre en œuvre. La célébration, le 5 juin dernier, de la Journée mondiale de l’environnement a servi de plateforme de lancement à cette initiative qui sera exécutée en partenariat avec certains départements ministériels et les municipalités des agglomérations susmentionnées. A Joal, cette opération va se dérouler sur les Aires marines protégées (Amp) où il est prévu la mise à terre de 2.000 plantes dans ces surfaces marécageuses, notamment au large du village de Palmarin. Même cas de figure dans la capitale, Dakar, où le même quota est prévu au centre-ville et dans les quartiers périphériques tels que Guédiawaye. L’organisation environnementale a, dans ce cadre, établi un partenariat avec le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie ainsi que les communes concernées. En attendant cette vaste opération pour reverdir ces villes emblématiques, c’est la commune de Toubacouta qui a servi de jardin d’essai à ce projet. Au cours de cette journée, 1.100 rôniers ont été reboisés sur les terres de la parcelle d’exploitation de la forêt communautaire de Sangako. Dans la même zone, dans le village de Soukouta, 180 manguiers sont plantés à la sortie et 20 autres dans l’enceinte de l’école primaire. A Toubacouta, la capitale du Delta du Saloum, réputée pour ses réceptifs hôteliers haut de gamme, les principales artères de la commune sont reverdies avec différentes espèces fruitières, avec pas moins de 150 arbres dans les concessions et 20 à 30 autres pour les différents édifices publics, tels que le dispensaire ou le Collège d’enseignement moyen (Cem). Un ambitieux programme de reboisement au niveau des Aires marines protégées de la région naturelle du Sine-Saloum, dans le département de Mbour et dans l’agglomération dakaroise sera mis en œuvre avec différents partenaires dont l’opérateur téléphonique Orange. Sur le plan local, les communes concernées seront de la partie ainsi que le département du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie. En marge du la célébration de la Journée mondiale de l’environnement, la délégation officielle, conduite par le gouverneur de Fatick, s’est rendue dans l’atelier de pressage de Bio charbon, un produit innovant de lutte contre la déforestation proposé par « Nebeday ». Elimane FALL LANCEMENT DE L’OPERATION « 300.000 ARBRES » 1.500 espèces fruitières plantées dans la zone de Toubacouta La célébration de la Journée mondiale de l’Environnement, le 5 juins dernier, a été saisie par l’association « Nebeday », active dans les questions écologiques, pour lancer son nouveau programme : « Opération 300.000 arbres », dans sa base de Toubacouta, dans le Delta du Saloum. A cette occasion, 1.500 espèces fruitières ont été plantées dans la zone, notamment dans la forêt communautaire de Sangako. LUTTE CONTRE LA DEFORESTATION La « Caravane verte horizon 2035 », une structure de mobilisation et de sensibilisation des communautés sur la nécessité de préserver les ressources forestières et environnementales, surtout dans la zone du Kabada, frontalière avec la Gambie et connue comme une zone où le pillage des massifs forestiers est très intense, a tenu un point de presse à Madina Wandifa (région de Sédhiou). L’objectif était d’impliquer les journalistes dans cette lutte, mais surtout de sensibiliser les populations du FognyKabada-Sonkodou sur la déforestation. Dans son propos liminaire, le coordinateur du réseau de la « Caravane verte », Mamadou Sidibé Diouf, a précisé que cette structure est créée par de jeunes sénégalais et sénégalaises pour soutenir la lutte contre les attaques environnementales afin de promouvoir les actions de plantation d’arbres à l’horizon 2035. « La Caravane verte » compte ainsi travailler, entre autres, avec les services déconcentrés de l’Etat, les Eaux et Forêts, les universités agricoles et les établissements scolaires,pour reconstituer la couverture végétale. Le programme se fixe aussi comme objectif la plantation, dans tous les lieux publics, d’un arbre appelé « l’Arbre du président Macky Sall ». Lequel sera entretenu comme il faut, comme du reste tous les arbres qui seront plantés pendant la campagne de reboisement dont les populations seront mises à contribution. En effet, sans elles, les objectifs ne seront pas atteints aussi bien dans la lutte contre la déforestation que dans la plantation d’arbres à grande quantité prévue, à côté du fléau que constituent les feux de brousse. Le directeur du Port autonome de Dakar a été choisi comme parrain. Le coordinateur régional du programme à Ziguinchor, Ibrahima Boubacar Diagne, a fustigé, à son tour, le pillage des massifs forestiers suivi d’un phénomène inacceptable pour tout écologiste : le non-reboisement. Les ennemis de la forêt qui arrivent avec des permis de coupe doivent être surveillés par les populations qui doivent être regardantes. Engager une synergie d’actions pour la protection de l’environnement semble être le credo du programme « Caravane verte horizon 2035 ». Malamine KAMARA La « Caravane verte horizon 2035 » se déploie dans les régions Sensibiliser les communautés sur la nécessité de préserver les ressources forestières et environnementales, tel est le principal objectif visé par la « Caravane verte horizon 2035 » qui veut œuvrer pour la reconstitution du couvert végétal au Sénégal. Elles sont plus de 10.000 « Badianou Gokh » (marraines de quartier) recensées au Sénégal. Depuis 2010, le programme qui s’adosse à ces leaders pour sensibiliser les femmes dans le domaine de la santé (mortalité maternelle, néonatale et infantile, vaccination des enfants, consultations prénatales, accouchements assistés par un personnel qualifié, planification familiale, grossesses précoces, etc.) suit son cours. Mieux, il bénéficie de l’engagement du gouvernement du Sénégal pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd), notamment celui relatif à la santé maternelle, néonatale et infantile. L’introduction de cette approche communautaire, fondée sur le leadership féminin, dans le système sanitaire est, aujourd’hui, diversement appréciée par les Sénégalais. Aïssatou Ngom est une ménagère rencontrée à Niarry Tally, près du marché Nguélaw. Elle magnifie le rôle de ces dames. « Ma fille avait été soutenue par une « Badianou Gokh » nommée Ndèye Diop. Grâce à elle, ma fille n’a eu aucun problème durant sa grossesse et au moment de l’accouchement. Pourtant on avait très peur, parce qu’elle était trop jeune », partage Mme Ngom. Non loin de là, une ruelle sableuse est choisie par des jeunes pour jouer au foot cet après-midi. Une nuée de poussière empêche de voir clairement. Pourtant Sophie Thiam est assise devant sa maison, préférant fuir la chaleur des chambres. Cette femme d’âge mur se montre perplexe dès l’évocation des « Badianou Gox ». « Je ne vois pas ce qu’elles peuvent apporter, car culturellement nos familles sont organisées de telle sorte que les femmes enceintes sont soutenues par leurs mamans, tantes maternelles et paternelles. Pourquoi laisser une étrangère s’immiscer dans des affaires familiales internes », questionne-t-elle. Appui aux femmes vulnérables Quotidiennement, les « Badianou Gokh » doivent donc intégrer les pesanteurs sociales qui entourent la maternité dans la société sénégalaise. Pour preuve, la « Badianou Gokh » Ndèye Diop, Aïda Traoré de son vrai nom, témoigne de la difficulté pour elle et ses consœurs de réussir leur rôle. « Ce sont des personnes non scolarisées qu’on sensibilise et elles ne sont pas conscientes pour la plupart des enjeux », révèle-t-elle. Pire, certaines personnes se montrent parfois hostiles. « Un père de famille m’a ordonné une fois de quitter sa maison, alors que j’étais venue simplement pour les sensibiliser (lui et sa femme) sur les dangers des grossesses trop rapprochées », confie Mme Traoré. La soixantaine, cette femme au verbe facile, sourire aux lèvres, est très célèbre dans son quartier. Parallèlement à cette activité bénévole, Ndèye Diop est aide-soignante au centre de santé Gaspard Camara. Ce qui lui permet de négocier fréquemment avec les médecins ou de faire des quêtes au sein de la structure sanitaire pour aider, par exemple, celles qui n’ont pas les moyens d’acheter les médicaments prescrits. Pour preuve, elle sort une pile d’ordonnances et explique : « Puisque j’ai des relations avec le personnel médical, je les sollicite et il m’aide autant que possible. Imaginez comment font les « Badianou Gokh » qui n’ont pas ces relations ? » Établi à Grand Dakar, près du poste de santé, Nacira, la quarantaine révolue, teint clair, abonde dans le même sens. « On avait été photographié il y a deux ans pour qu’on puisse disposer de cartes d’identification, mais depuis, rien n’est fait », regrette-telle, soulignant que la confection de cartes leur permettront d’être reconnues dans toutes les structures sanitaires. Surtout que cette doléance est même devenue une promesse du ministre de la Santé et de l’Action sociale, rappelle Nacira qui plaide pour que les Badianou Gokh bénéficient des Bourses de sécurité familiale. « On est sollicité pour n’importe quel problème, j’ai l’impression que les gens pensent qu’on est des salariés. Donc, les Bourses de sécurité familiale distribuées par le gouvernement devraient prendre en compte les « Badianou Gokh », dit-elle. Sokhna Anta NDIAYE (stagiaire) LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 Education & Santé www.lesoleil.sn 6 INFORMATION, SENSIBILISATION SUR LA SANTE Les « Badianou Gokh » plaident pour plus de reconnaissance Le programme « Badianou Gokh » a été lancé en 2010 par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade. Il a valu beaucoup de satisfactions au système sanitaire sénégalais, surtout dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant. Cependant, beaucoup de manquements sont relevés par ces femmes leaders, chargées de mener la sensibilisation dans le cadre de ce programme. Vêtue d’une robe ample en dentelle vert et noir, Oulimatou Diédhiou parle et marche lentement. Aucun maquillage n’encombre la mine de cette « Badianou Gokh » (marraine de quartier) domiciliée à Yarakh, précisément à Hann village, où elle est choisie pour sensibiliser les filles et les femmes sur toutes les questions relatives à leur santé. Elle distribue des salamalecs tout le long de son chemin. Son sourire laisse entrevoir une belle denture mise en valeur par un teint noir éclatant. Son regard est discret malgré ses grands yeux. Elle est d’une sollicitude sans pareil, selon ses proches. Oulimatou passe ainsi la majeure partie de son temps à sensibiliser les filles de son quartier sur les grossesses précoces, les avortements spontanés ou clandestins, les accouchements à domicile, entre autres activités touchant la vie des filles et des femmes. Pour les femmes en état de grossesse, elle n’oublie jamais de leur rappeler l’importance des consultations prénatales et postnatales. Aussi est-elle très sollicitée au quartier Hann Yarakh. Pourtant le travail de marraine de quartier n’est pas rémunéré. Mais, dans un quartier où il y a beaucoup de personnes défavorisées, cet état de fait ne l’empêche pas d’aider. Quand elle le peut, elle partage ce qu’elle gagne de son petit commerce avec les nécessiteux. « Beaucoup de personnes pensent que les « Badianou Gokh » sont rémunérées », alors qu’il n’en est rien », regrettet-elle. Déjà petite, son papa lui prédestinait une carrière de travailleuse sociale. « Il voulait que je devienne infirmière pour m’épanouir, parce qu’il avait remarqué que j’aimais aider les autres », confesse Oulimatou. En ce moment, elle ne se voyait pas dans ce métier, car elle ne supporte pas le sang. Aujourd’hui, le destin semble confirmer le souhait de son papa. Son désir d’aider les personnes de son entourage l’a conduit à recueillir chez elle, pendant deux semaines, deux enfants dont les parents avaient des problèmes de couple. Abandonnés à leur grand-mère, une vieille dame qui ne pouvait pas s’occuper d’eux convenablement, Oulimatou s’engage à assurer tout en convainquant leur maman de revenir s’occuper d’eux. Ce qu’elle fit. Son cursus scolaire brillant lui prédestinait un avenir plein de succès. Entre l’école primaire El Hadji Doudou Mbathie de Yarakh et le lycée Lamine Guèye, elle s’est toujours distinguée, gagnant même des prix. Elle a même eu le privilège de décrocher son Certificat de fin d’études primaires en classe de CM1, se rappelle son mari avec qui elle a partagé la même classe au cycle primaire. Mais, un beau jour, elle abandonne les bancs à la faveur de son foyer. « Mon mari ne m’a jamais demandé de quitter l’école. Seulement, c’était devenu compliqué d’allier les deux », précise-t-elle. Une épouse exemplaire, selon son mari, Souleymane Fall, agent commercial, teint clair, habillé d’une veste noire assortie à ses chaussures. Avec lui, elle est liée depuis 1982. Une union régulée par Oulimatou. « Je suis rassuré quand elle est à mes côtés. Elle me connaît mieux que tout le monde. En plus, elle est d’un calme olympien », révèle son mari. Oulimatou était très casanière avant d’être choisie comme marraine de quartier. Raison pour laquelle son mari s’est dit satisfait et soulagé lorsqu’elle a commencé à sortir. Seulement, dans son travail, elle est amenée parfois à sensibiliser des personnes très traditionnalistes, qui s’énervent lorsqu’on leur parle, par exemple, de planification familiale. « J’ai peur pour sa sécurité », confie son époux. D’autant plus que sa femme est très tenace et n’abandonne jamais. Entre programme de formation pour les « Badianou Gokh », son foyer et son commerce, Oulimatou Diédhiou est une femme épanouie. Elle ne regrette rien dans sa vie. Cependant, elle voudrait que les Ong internationales et la Fondation Servir le Sénégal viennent en aide aux populations de Yarakh. S. A. NDIAYE (stagiaire) OULIMATOU DIEDHIOU, « MARRAINE DE QUARTIER » Une « mère Theresa » à Yarakh « Badianou Gokh » (marraine de quartier) depuis 2014, Oulimatou Diédhiou, 50 ans, est une dame qui excellait déjà dans le social avant d’être choisie pour informer et sensibiliser ses sœurs. Son travail nécessite discrétion et générosité : des qualités qui la caractérisent. En plus de leur mission d’information et de sensibilisation qu’elles font de façon bénévole, les « Badianou Gokh » jouent aussi le rôle de médiatrice sociale. C’est dans ce cadre que les femmes qu’elles côtoient les sollicitent souvent pour régler certains conflits familiaux, précisément conjugaux. « Parfois, il arrive qu’une femme vienne me dire que son mari l’a abandonnée ou qu’elle a un problème dans son couple. Je fais tout pour les régler », témoigne fièrement la « Badianou Gokh » Ndèye Diop. C’est donc conscient de leur rôle dans la société sénégalaise que ces femmes essayent, autant que faire se peut, de s’acquitter de leur mission en intervenant pour régler certains problèmes dans les ménages. S. A. NDIAYE (stagiaire) Médiatrices sociales Les badianou Gox au Grand Théâtre. Nous convions l’ensemble des sociétaires de la Caisse de Ouakam à l’Assemblée Générale Ordinaire qui se tient le vendredi 16 Juin 2017 à partir de 11 heures à Ouakam Tally Américain à côté du marché de Ouakam. Votre présence effective et massive est vivement souhaitée. Le Président du Conseil d’Administration Mr Alioune DRAME 2e CONVOCATION - ASSEMBLEE GENERALE CREDIT MUTUEL DU SENEGAL CAISSE LOCALE DE OUAKAM - Agrément N° DK 1-04-00398 12 06 2017 - ADB LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn 7 CYANMAGENTAJAUNENOIR LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn 8 CYANMAGENTAJAUNENOIR LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn Economie & Finances 9 CYANMAGENTAJAUNENOIR Le rapport provisoire de l’étude sur les orientations stratégiques des Zones économiques spéciales rendu public, jeudi, est le fruit d’un travail fouillé de capitalisation des expériences. Cette approche s’explique par le souci, pour l’État du Sénégal, de ne pas commettre les erreurs du passé. En 1974, la première tentative du Sénégal de créer une zone économique spéciale s’était soldée par un échec. D’autres pays africains avaient connu le même sort. « Tous les travaux et études expliquent l’échec de ces différentes expériences africaines par le faible impact quantitatif et qualitatif sur l’économie : emploi, investissement, exportations », souligne le rapport. En plus de ces facteurs exogènes, la conception et la mise en œuvre des zones économiques avaient souffert de l’absence d’orientations stratégiques précises, clairement partagées avec toutes les parties prenantes. « Pratiquement, aucun État africain ne s’était inspiré de l’expérience de certains pays (principalement la Chine, l’île Maurice) qui ont utilisé les premières zones économiques spéciales comme des projets pilotes d’où sont tirées les leçons permettant de corriger les erreurs de conception et de réalisation », relève le rapport. Toujours dans le domaine de l’orientation stratégique, l’étude note que les gouvernements ont privilégié le modèle enclavé, inspiré des zones franches industrielles, d’où une « absence de connexion des zones avec toute stratégie de développement économique élargie au plan national avec le secteur privé… ». Tirant les leçons de ces expériences, le Sénégal s’est résolument engagé dans la mise en place des zones économiques spéciales qui seront prioritairement orientées vers le développement de l’agrobusiness, des technologies de l’information et de la communication, du tourisme, de l’offre de services médicaux, d’industries manufacturières et de services. Le gouvernement a fait de leur création, l’une de ses stratégies pour atteindre l’objectif de l’axe 1 du Plan Sénégal émergent, c’est-àdire la transformation structurelle de l’économie. Selon le ministre de la Promotion des investissements, des Partenariats et du Développement des Téléservices de l’État, Khoudia Mbaye, les zones économiques spéciales vont participer à juguler les contraintes rencontrées pour l’atteinte de cet objectif. « L’une des contraintes les plus prégnantes, c’est la question des facteurs de production et leur offre insuffisante. Il nous apparaît utile de pallier cette offre. C’est pourquoi, le gouvernement réfléchit, depuis 3 ans, à la mise en œuvre de politiques liées à la création de zones économiques spéciales. Elles sont universellement reconnues comme étant les porte-étendards des nations émergentes », a-t-elle déclaré, lors de l’atelier de partage de l’étude. Un nouveau cadre légal «Outre la disponibilité des facteurs de production, ces zones présentent un intérêt majeur par le renforcement de la productivité du capital et du travail ainsi que des relations intersectorielles pouvant aider à atteindre les objectifs contenus dans le Plan Sénégal émergent (Pse), à savoir porter la croissance à 8 %, multiplier le Pib par habitant par 1,5 et créer 600.000 emplois », a ajouté Khoudia Mbaye. Cette étude est articulée aux textes de gouvernance des zones économiques spéciales qui ont été achevés, après un long processus inclusif et participatif. Il s’agit notamment de la loi du 6 janvier 2017 portant sur la gouvernance des zones économiques spéciales et de la loi du 06 janvier 2017 portant dispositif d’incitations applicable dans les zones économiques spéciales, du décret du 13 avril 2017 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du comité paritaire public-privé, du décret du 9 mai 2017 portant création de la zone économique spéciale de Diass, du décret du 30 mai 2017 portant admission du Parc industriel intégré de Diamniadio au régime des zones économiques spéciales. « La rédaction du nouveau cadre légal et réglementaire a pris en compte le souci de rationalité, de célérité et d’efficacité », a insisté le ministre. Parmi les 27 projets phares du Pse, il a été proposé de sélectionner 14 d’entre eux à ériger sous forme de zones économiques spéciales et/ou de paquets investisseurs. Mais, à court terme, seuls les quatre groupes de projets se feront sous forme de zones économiques spéciales. Il s’agit des agropoles intégrés dont un au sud, vers l’Anambé et un au nord, dans le Delta ; la création des pôles industriels intégrés de transformation de produits de la mer au centre ; les plateformes industrielles intégrées : Diamniadio et environnants et le hub minier régional. Selon l’étude, le succès du développement de zones économiques spéciales implique le relèvement d’un certain nombre de défis. Le premier défi consiste d’abord à sélectionner la zone économique spéciale au sein de la région appropriée. Ensuite, il faut une bonne coordination entre les différents ministères et agences impliqués, une mobilisation du secteur privé national, des institutions financières et des fonds pour les investissements dans les infrastructures nécessaires ; la prise en compte des objectifs de développement durable, de l’inclusion sociale et de l’égalité des sexes dans la mise en œuvre des projets cibles au sein de ces zones. Enfin, l’accès aux marchés au sein des chaines de valeurs mondiales constitue un autre défi. Elhadji Ibrahima THIAM ZONES ECONOMIQUES SPECIALES 4 des 27 projets phares du Pse retenus à court terme A l’issue d’un long processus participatif, le Sénégal vient de se doter, sous réserve d’être validé par les plus hautes autorités, d’un document qui décline les grandes orientations stratégiques des futures Zones économiques spécialisées (Zes). Quatre groupes de projets phares se feront sous forme de Zones économiques spécialisées. Khoudia Mbaye, ministre de la Promotion des investissements, des Partenariats et du Développement des Téléservices de l’État. LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 Economie & Finances www.lesoleil.sn 10 CYANMAGENTAJAUNENOIR En ce samedi après-midi, l’air est poussiéreux et brûlant, à Médina Bichi. Ici, le thermomètre dépasse facilement les 40 degrés et peut monter jusqu’à 45. Malgré la forte canicule, les habitants de ce village situé dans l’arrondissement de Bamba Thialène, à 25 kilomètres de Koumpentoum, chef-lieu du département, ont réservé un accueil chaleureux à la délégation du Programme d’urgence de développement à communautaire (Pudc), conduite par Cheikh Diop, directeur national. Ils ont gratifié leurs hôtes de belles chorégraphies. Les jeunes et les femmes ont rivalisé d’ardeur avec des mouvements dont ils maîtrisent les secrets. Son fils, en califourchon, Anthia a ravi la vedette aux autres. Leur jubilation en dit long sur l’importance de l’ouvrage. Une mini-centrale solaire d’une capacité de 15 kilowatts d’un montant de 98 millions de FCfa justifie cette joie contagieuse dans ce village excentré avec un faible accès aux infrastructures sociales de base. En chœur, les différents orateurs ont exprimé leur joie. « Je n’ai jamais été heureux qu’en ce jour et je ne pourrais plus être plus heureux », témoigne le chef de village, Alpha Ndimbalane. «En 2010, quand Macky Sall était venu à Médina Bichi, il avait promis de faire quelque chose pour nous, s’il accédait au pouvoir. Je n’avais pas beaucoup d’espoir malgré sa promesse parce que, avant lui, d’autres hommes politiques avaient fait la même promesse. De plus, les investissements étaient déviés vers d’autres villages qui avaient des hommes politiques ou de hauts fonctionnaires », a-t-il rappelé. Dans l’assistance, la fillette Mariama Ndimbalane attire l’attention. Agée de huit ans, elle suit attentivement les interventions sans certainement en saisir toute la portée. Mais une chose est sûre, cette mini-centrale va changer sa vie. A la rentrée prochaine, elle n’étudiera plus avec une lampe tempête ou une bougie comme ses frères et sœurs. Mariame pourra également étancher sa soif avec de l’eau fraiche du frigo et non de l’eau de canari. Avec 10 ou 25 FCfa, elle gouttera au bonheur de sucer une glace. Ce qui est une banalité en ville, est un luxe dans cette partie du territoire. Créé en 1953, le village de Médina Bichi a peu bénéficié des investissements publics et manque presque de tout. Et les adultes mesurent le rôle que l’électricité peut jouer dans l’amélioration de leurs conditions de vie. Leur optimisme est grand, trop même, concernant le rôle social de premier plan de cette source d’énergie. Ceux qui vont en ville ou qui y séjournent ont un aperçu des progrès apportés par l’électricité. Pour boire de l’eau fraîche, il faut débourser 300 FCfa et parcourir 25 kilomètres alors que le sachet s’échange à 50 FCfa à Dakar et 100 FCfa dans les autres villes. En période de Ramadan, le prix est doublé à cause de la forte demande. Soulagement L’électricité allégera également les travaux des femmes surtout pour la mouture. A Médina Bichi, les femmes continuent à piler le mil comme du temps de leurs grands-mères. Dans la plupart des localités en zone rurale du Sénégal, certaines tâches dévolues aux femmes s’exécutent encore, malheureusement, dans bien des cas, à l’aide de la force musculaire avec des instruments rudimentaires. « Regardez mes mains, elles sont dures mais quand on aura de l’électricité, elles seront lisses parce que je ne pilerais plus le mil », déclare Marame, une jeune fille, avec un large sourire. L’ouvrage qui branche Médina Bichi à la modernité est doté d’un groupe électrogène de secours destiné à alimenter le village avec un réseau basse tension, a expliqué le technicien Pape Momar Ngom. Il souligne que la centrale est modulaire et peut augmenter sa puissance en fonction des charges, c’est-à-dire des besoins. «Les habitants pourront raccorder tous types de matériels. Elles n’ont pas de limite. Il n’y a que la source d’utilisation qui change », a indiqué M. Ngom. Toutefois, comme tous les usagers, ils devront payer un montant pour assurer la maintenance et le renouvellement des équipements. Les poteaux solaires sont installés et il reste quelques « réglages » à faire pour le raccordement. Le technicien assure que la réception se fera dès que le réseau basse tension sera terminé. La mini-centrale sera gérée par un opérateur qui, une fois la mise en service terminée, la transférera au ministère de l’énergie qui en assurera la maintenance et le renouvellement des installations, a expliqué Pape Momar Ngom. Le directeur national du Pudc, Cheikh Diop, est revenu sur la genèse du programme. Il a rappelé que c’est le fruit de la réflexion du président Macky Sall qui, après une tournée nationale pendant laquelle il avait, bien avant sa candidature à la magistrature suprême et son élection à la tête de l’État, discuté et recueilli les doléances des populations des zones rurales. A travers ce programme, a-t-il souligné, le chef de l’État veut réduire les inégalités entre les zones urbaines et rurales par une meilleure allocation des ressources nationales, en dotant les zones rurales d’infrastructures et services sociaux de base capables de redynamiser et de fouetter l’économie sénégalaise à partir des terroirs. Le directeur du Pudc a invité les populations de Médina Bichi à veiller sur la mini-centrale en évitant surtout de jeter des cailloux sur les plaques solaires. Un message bien reçu. Mamadou GUEYE ELECTRIFICATION RURALE Le Pudc équipe Médina Bichi d’une mini-centrale solaire de 15 kilowatts Les populations de Médina Bichi disposeront, bientôt, de l’électricité grâce à une mini-centrale solaire qui améliorera sensiblement leurs conditions de vie. L’ouvrage qui branche ce village à la modernité suscite un grand optimisme, compte tenu de l’importance de cette source d’énergie, dans la vie. Le volet électrification rurale bénéficiera à plus de 300.657 personnes En termes d’accès des populations aux services sociaux de base, notamment l’électricité, les disparités sont criantes, selon les régions. Seuls 12 % des villages du Sénégal sont actuellement électrifiés. La région de Dakar a un taux de 86 % suivi de la région de Fatick avec 47 % ; les régions de Kaolack, Kaffrine, Sedhiou, Louga, Kédougou et Tambacounda ont une accessibilité relativement faible avec moins de 10 %. Le Programme d’urgence de développement communautaire ambitionne de réduire ses disparités. Il prévoit d’électrifier 466 villages dont 310 par raccordement au réseau moyenne tension ou basse tension et 110 par voie solaire ; de construire 102 centrales solaires avec réseau basse tension ; de réaliser 3.188 kilomètres de réseau dont 1.879 moyenne tension (MT) et 1.309 basse tension ; de réaliser des installations intérieures et branchements au profit de 20.800 ménages, etc. Pour l’électrification par raccordement au réseau moyenne tension ou basse tension, les travaux ont démarré dans 283 villages avec l’implantation de 3.641 poteaux électriques moyenne tension et 5.743 poteaux basses tension. L’appel d’offres pour les travaux des installations intérieures de 20.800 ménages dans les villages électrifiés est publié. Concernant l’électrification par voie solaire, les travaux ont également démarré dans 23 villages. La construction des centrales solaires est en cours et trois centrales solaires (bâtiment préfabriqués et champs photovoltaïques) sont déjà réceptionnées. A terme, le volet électrification rurale bénéficiera à plus de 300.657 personnes. M. G. LUTTE CONTRE LA PAUVRETE Boubacar Camara propose la méthode Era comme solution Le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Dr Papa Abdoulaye Seck a présidé, samedi dernier, la cérémonie de dédicace du livre de Boubacar Camara, un retraité de l’Unesco. Intitulé « Comment sortir de la pauvreté », l’ouvrage publié aux éditions l’Harmattan Sénégal contient près de 220 pages. Selon l’auteur, vaincre la pauvreté, c’est d’abord vaincre l’ignorance, ensuite le manque d’éducation et de formation de qualité des populations défavorisées en particulier les femmes qui en constituent la majorité. Il soutient que l’éducation des filles et des femmes doit occuper une place essentielle dans la problématique du développement durable à l’ordre du jour en Afrique et dans le reste du monde. Il explique que cette donne n’est souvent pas suffisamment reflétée dans les politiques et stratégies de mise en œuvre. Pour sortir de la pauvreté, Boubacar Camara propose une méthode combinant l’éducation, la responsabilité et l’autonomisation (Era). Autrement dit, il met en relief les aspects de savoir, de pouvoir et d’avoir. Il affirme que la construction de la nouvelle Afrique passe par la mise en place d’une stratégie de reconstitution nationale s’appuyant sur le renouveau de l’éducation et la renaissance culturelle. Des initiatives originales et des programmes novateurs sont, selon lui, à démultiplier en priorité dans les zones les plus défavorisées, rurales et périurbaines. Poursuivant ses pistes de solutions, Boubacar Camara est d’avis que sur le plan opérationnel, il faut l’élaboration et la mise en œuvre de plan cadre de reconstruction nationale comportant un programme fondamental articulé à des programmes intégrés de développement zonal. A l’échelon décentralisé, il propose un centre d’éducation communautaire intégré dans chaque localité, la maîtrise de l’apprentissage participatif multidimensionnel et la multiplication des filières intégrées de valorisation des productions, de densification des chaines de valeur. Pour Papa Abdoulaye Seck, cet ouvrage n’est pas un de plus. Le ministre de l’Agriculture affirme qu’il n’est pas une somme d’opinions. Il est le résultat d’une théorie maîtrisée et d’une pratique avérée. L’ouvrage, explique M. Seck, est une démarche scientifique rigoureuse riche en mouvements et couleurs présentant une belle harmonie. Évoquant les enseignements qu’il tire de ce livre, Papa Abdoulaye Seck souligne que la lutte contre la pauvreté ne doit pas être décrétée. Elle repose sur une stratégie adossée à une science qui doit être domestiquée. L’autre enseignement, expliquet-il, c’est l’importance de l’éducation et de la formation, qui sont fondamentales pour progresser. Il n’a pas manqué de revenir sur les qualités de Boubacar Camara, un homme d’une grande dimension intellectuelle, morale et qui a le sens de l’honneur et de la générosité. M. Camara est un ingénieur statisticien, docteur en économie et expert en planification de l’éducation. Il a été membre du secrétariat de l’Unesco de 1984 à 2013, date de son départ à la retraite. Aliou KANDE «Comment sortir de la pauvreté ?». C’est l’intitulé de l’ouvrage de Boubacar Camara, ingénieur statisticien, économiste, retraité de l’Unesco en 2013. Publié aux éditions l’Harmattan Sénégal, il a été présenté samedi dernier sous la présidence du Dr Papa Abdoulaye Seck, ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural. LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn Economie & Finances 11 L’amicale des femmes des ministères de l’Agriculture, de l’Élevage, de l’Hydraulique et de l’Assainissement a choisi de réfléchir sur les opportunités de l’agriculture au Sénégal, au cours de leur 12e conférence religieuse, tenue samedi, un thème introduit par la conseillère technique au ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Sokhna Mbaye Diop. Dans sa communication, elle a indiqué que notre pays regorge d’énormes potentialités en ressources (eau, terres arables et irrigables, main d’œuvre), facteurs importants pour le développement d’une agriculture à même d’assurer la sécurité alimentaire de sa population. C’est pour matérialiser cette vision, à son avis, que l’agriculture est considérée comme le moteur du développement économique et social à travers le Plan Sénégal émergent (Pse) et plus particulièrement le Programme d’accélération de la cadence de l’Agriculture sénégalaise (Pracas). Cette initiative vise, a rappelé Mme Diop, à atteindre l’autosuffisance en riz en 2017 avec une production de 1,6 million de tonnes de paddy, en oignon en 2016 avec une production de 350.000 t, l’optimisation des performances de la filière arachidière avec une production, en 2017, d’un million de tonnes et un volume d’exportation de 100 à 150.000 t par an, le développement des filières fruits et légumes de contre-saison avec un objectif d’exportation de 157.500 t en 2017. Pour traduire en acte cette stratégie, l’État a, a précisé la conseillère technique, pris des mesures comme la subvention des intrants agricoles à hauteur de 55 % pour l’engrais, 60 % pour les semences, 70 % pour le matériel agricole et 100 % pour les produits phytosanitaires, la reconstitution du capital à hauteur de 5 milliards de FCfa chaque année, la détaxation du matériel agricole pour la mobilisation du secteur privé, l’aménagement de 5.000 ha par an de périmètres irrigués villageois, etc. De l’avis de Mme Diop, ces mesures ont permis d’avoir les résultats probants en 2016 avec la maîtrise de l’eau, le renforcement de la production à travers la mise en place de facteurs de production comme les intrants et le matériel agricoles : 51.220 t de semence d’arachide dont 30.153 t certifiées, 5.505,7 t de semence de riz, 81 502 t d’engrais et 15.000 semoirs, 920 tracteurs, 50 batteuses à riz, etc. Ces investissements ont permis d’avoir des productions record avec 991.427 t d’arachides, 2.124.668 t de céréales dont 945.617 t pour le riz et 1.188.810 t de produits horticoles dont 393 225 t d’oignons, a-t-elle informé. Avec un volume du financement de 156,6 milliards de francs Cfa, les résultats du secteur de l’agriculture ont impacté, dit-elle, positivement sur le taux de croissance de l’économie du secteur avec 6, 52 %, la part de l’agriculture dans le Pib réel évaluée à 7 %, la valeur ajoutée agricole évaluée à 468, 8 milliards de francs Cfa et la couverture des besoins nationaux en céréale 54% en 2016. Ce sont autant de faits qui font dire à Mme Diop que « l’agriculture occupe une place importante dans la transformation structurelle de l’économie sénégalaise et constitue une priorité ». La présidente de l’amicale, Aïda Guèye, a magnifié les résultats satisfaisants obtenus par le ministère de l’Agriculture, avant d’inviter ses camarades à véhiculer les résultats satisfaisants du Pracas. Pour leur part, Oustaz Idrissa Gaye et Imam Lamine Sarr ont, quant à eux, sensibilisé l’assistance sur les méfaits du mensonge, de la médisance, de l’hypocrisie et leurs dérivés. Un croyant musulman doit éviter, ont-ils rappelé, de tenir des propos malsains à l’encontre de son prochain. Souleymane Diam SY FINANCEMENT L’agriculture a reçu 156,6 milliards de FCfa en 2016 La conseillère technique du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Mme Sokhna Mbaye Diop, a indiqué que le volume du financement du secteur de l’agriculture a atteint 156, 6 milliards de francs Cfa en 2016. Elle s’exprimait, samedi, lors de la conférence religieuse annuelle de l’amicale des femmes des ministères de l’Agriculture, de l’Élevage, de l’Hydraulique et de l’Assainissement. SECTEUR AGRICOLE ET RURAL L’Ipar se dote d’un nouveau plan stratégique Pour structurer sa vision de développement du secteur agricole et rural, l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) s’était dotée d’un plan stratégique 2010-2015. Sa mise en œuvre a permis à l’organisation de peaufiner sa stratégie d’intervention sur le long terme et d’engranger d’importants acquis notamment sur la gouvernance foncière ; le changement climatique, l’emploi des jeunes. Cependant, les mutations intervenues dans le contexte global et sur le plan national exigent une adaptation continue de l’Ipar pour faire face aux nouveaux enjeux et défis du développement. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce second plan stratégique 2017-2021 qui est la suite logique du premier. Ce nouveau plan a été présenté, hier, sous la présence du ministre Papa Abdoulaye Seck. Selon Dr Cheikh Oumar Bâ, directeur exécutif de l’Ipar, l’objectif de ce plan est de fournir à l’organisation, un référentiel d’orientations et un cadre stratégique sur cinq ans, en prenant en compte les changements intervenus dans le contexte national, régional et international. Il est articulé sur cinq axes stratégiques. Le premier a trait au renforcement de la gouvernance institutionnelle de l’Ipar. Le second axe porte sur le développement d’une recherche de qualité. Quant au troisième, il concerne le renforcement des capacités des acteurs. Les quatrième et cinquième axes sont liés à la promotion du dialogue politique, à assurer la pérennité, à la durabilité et à la consolidation des acquis. Pour les modalités de mise en œuvre, explique Dr Bâ, elles sont articulées sur les stratégies de communication et de mobilisation des ressources et le mécanisme de suivi-évaluation. Il n’a pas manqué de souligner l’importance pour une organisation, d’avoir une planification stratégique. Rappelant que ce nouveau plan stratégique coïncide avec la découverte de pétrole et de gaz au Sénégal, le directeur exécutif de l’Ipar invite le gouvernement à ne pas oublier le secteur de l’agriculture comme l’ont fait certains pays africains. Il précise que ce plan constitue une occasion pour sensibiliser le gouvernement et ses partenaires sur la nécessité de sécuriser notre agriculture. Le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural a salué la contribution de l’Ipar dans le développement de la recherche au Sénégal et dans le reste de l’Afrique. Papa Abdoulaye Seck a souligné l’importance de la prospective qui est, à son avis, un intrant stratégique pour l’émergence d’une agriculture forte. «Il est important d’être dans une dynamique de rationalisation du devenir. Il s’agit d’inventer au lieu d’être inventé. D’où l’importance d’une planification stratégique», a déclaré M. Seck. Commentant les cinq axes stratégiques de l’Ipar, M. Seck a évoqué l’importance de l’innovation pour changer le secteur de l’agriculture. Sur ce point, il a souligné l’importance de la diversification dans l’agriculture. C’est pourquoi, il soutient qu’une agriculture forte, est une agriculture diversifiée. La question foncière, affirme M. Seck, est également fondamentale pour le développement de l’agriculture. Avant de terminer son propos, Papa Abdoulaye Seck a plaidé pour une économie diversifiée avec une agriculture forte comme le veut le président Macky Sall. «Ce que nous voulons, c’est l’avènement d’une agriculture forte au dividende partagé», a confié le ministre de l’Agriculture. Aliou KANDE L’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), institution de recherche créée en 2008, a présenté, hier, son nouveau plan d’actions. Couvrant la période 2017-2021, ce document est articulé au tour de cinq axes stratégiques. Papa Abdoulaye Seck, ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural. LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 Economie & Finances www.lesoleil.sn 12 Ce projet de promotion de la pisciculture dans la vallée de Senghor, qui concerne 11 villages de la commune de Toubacouta, dans le département de Foundiougne, a démarré en 2013 et doit prendre fin en décembre 2017. Il ambitionne de «lutter contre la pauvreté et de renforcer la lutte contre l’insécurité alimentaire», a expliqué le coordonnateur de l’équipe nationale de mise en œuvre de «Go-Wamer», un projet dont le financement s’élève à plus de 6 milliards de francs CFA (10 millions 500 euros). L’Union européenne (Ue) a mobilisé 90% de l’investissement. Le Pnud, organe exécutif du projet, a dégagé 10% du financement. «Nous avons utilisé un aliment très riche, c’est ce qui a donné ces résultats satisfaisants», a souligné Mamadou Thiam, lors d’une récolte de tilapias à laquelle il participait, dans cette initiative de promotion de la pisciculture. Les objectifs de production ne seront toutefois pas atteints, a-t-il dit, déplorant, par ailleurs, des cas de vols notés. «C’est d’ailleurs cela qui a précipité la récolte. On a récolté à 5 mois mais on devait attendre 6 mois», a-t-il précisé. Il assure, cependant, que «cette récolte précoce n’a pas eu d’impact négatif sur la qualité du produit qui a atteint une taille commerciale satisfaisante», avant de préconiser «une surveillance rigoureuse du site par les populations bénéficiaires», pour éviter de pareilles situations. «Nous allons essayer de mettre en place les dispositifs qui permettront de décourager les malfaiteurs», a-t-il indiqué, ajoutant que de même, la sensibilisation sera accentuée dans les villages voisins, relativement à «l’importance de cette ferme qui représente un investissement communautaire». Le coordonnateur de l’équipe nationale de mise en œuvre de «GoWamer», Mamadou Thiam, s’est, par ailleurs, réjoui de l’engouement autour de cette activité génératrice de revenus pour les populations bénéficiaires. Les populations de Santhie Béra et des villages voisins de Toubacouta et de Sokone sont venues nombreux sur le site. Elles se sont partagé la production disponible, moyennant 1000 F Cfa le kilogramme, un prix fixé par l’Agence nationale d’aquaculture (Ana), partenaire technique du projet. «J’aurais souhaité que les bailleurs soient là pour voir l’engouement qu’il y a autour de cette activité», pour qu’ils soient encouragés à «financer davantage le communautaire. Les gens se sont partagé le poisson moyennant une somme de 1000 F Cfa le kilogramme», a-t-il soutenu. Au regard de la portée économique de cette activité piscicole, l’initiative sera démultipliée dans d’autres localités, a-t-il promis, signalant que l’organisme en charge du projet travaille dans ce sens dans le village de Simal. Dans cette dernière commune située à Fimela, dans le département de Fatick, la population est en train de mettre en place un comité de gestion en charge de l’investissement, a-t-il renseigné. Avec les perspectives de l’exploitation pétrolière, le développement de l’aquaculture, à travers le Sénégal, est devenu «une politique forte» de l’État qui vise, par ce biais, à satisfaire la demande des populations en produits halieutiques. «L’État va développer l’aquaculture pour avoir une production qui dépasse celle de la mer», a-t-il dit. (APS) PROMOTION DE LA PISCICULTURE A TOUBACOUTA Des « résultats satisfaisants » enregistrés à Santhie Béra Le projet «Go-Wamer» (gouvernance politique de gestion des ressources marines et côtières) a atteint des «résultats satisfaisants» à Santhie Béra (Toubacouta) dans le domaine de l’élevage de tilapias, a souligné, samedi, Mamadou Thiam, coordonnateur de l’équipe nationale de mise en œuvre de cette initiative. A la veille du 20ème siècle, le Saloum tombe sous l’emprise coloniale française. La fin de l’hégémonie des religieux et la signature d’une convention de protectorat, en 1891, marquent le début d’un tournant majeur dans cette partie de la colonie du Sénégal divisée en deux entités : le Saloum oriental et le Saloum occidental. Dans un contexte économique d’autosubsistance marqué par la culture du riz et du mil, l’introduction à grande échelle de la filière arachidière sous l’autorité d’Ernest Noirot, premier administrateur du cercle du Sine-Saloum, sonne le début d’une grande mutation à la fois économique, sociale et politique plus tard. Ce sont les processus de cette grande transformation que le professeur Waly Faye, enseignant-chercheur au Département d’histoire-géographie de la Faculté des sciences et technologiques de l’éducation et de la formation (Fastef) de l’Université de Cheikh Anta Diop (Ucad), retrace dans son ouvrage « Economie arachidière et dynamique du peuplement au Sénégal : Kaffrine et le Saloum de 1891 à 1960 ». Paru aux Editions Karthala en 2016 et présenté samedi dernier, à la Place du Souvenir africain à Dakar, ce livre analyse « les diverses mesures administratives qui ont encadré le cheminement, souvent forcé, des diverses communautés ethniques, mais aussi l’organisation par les confréries des déplacements des travailleurs et de leurs familles pour tirer profit des revenus monétaires procurés par l’arachide ». Pour pousser les populations à adhérer en masse à cette politique agricole, le système colonial instaure l’impôt régional. Ce faisant, analyse l’auteur, cet impôt payé en numéraire obligeait les habitants à cultiver de l’arachide pour avoir de l’argent. Malgré quelques crises notées durant cette époque et qui ont occasionné le dépeuplement du Saloum, l’instauration finalement d’une paix durable et d’un impôt régional sous forme numéraire permettront aux colons français de réussir leur politique agricole construite exclusivement autour d’une culture de rente, en l’occurrence la culture arachidière. « A partir de 1950, on constate qu’il (Ernest Noirot) a réussi son pari parce que Kaffrine se retrouve dans la zone d’une forte production », note Pr Waly Faye, pour qui cette forte production agricole va être accompagnée, en même temps, par une explosion démographique. Ouvrage historique géographiquement et sociologiquement bien documenté, « Economie arachidière et dynamique du peuplement au Sénégal… » est une réflexion pointue sur un modèle « de mise en valeur extraverti et fondé sur une surexploitation des ressources naturelles et humaines de ces terroirs ». Cette œuvre restitue avec force détails certes 70 ans de transformation économique et sociale mais également celle politique. Kaffrine, explique Pr Faye, a joué un rôle déterminant dans la cartographie électorale sénégalaise. Du fait de son poids démographique, cette entité suscitait la convoitise des hommes politiques de l’époque à l’image de Lamine Guèye et de Léopold Sédar Senghor. Le Professeur Iba Der Thiam a salué « le parcours précieux et parsemé de lauriers » de l’auteur. Selon lui, ce livre de 317 pages est d’une grande utilité, « un travail de belle facture, écrit avec beaucoup d’aisance …» L’ouvrage, a-t-il poursuivi, ne laisse de côté ni les problèmes économiques, ni les problèmes sociaux, ni les crises, ni les épidémies, ni les problèmes religieux… C’est donc, à ses yeux, une contribution irremplaçable à l’histoire générale du Sénégal. Contribution à l’histoire générale du Sénégal Pour le préfacier du livre, Pr Babacar Fall de la Fastef, dans cette partie de la colonie du Sénégal, les activités autour de l’élevage étaient désormais submergées par la « fièvre » de l’arachide qui a stimulé l’arrivé massive des populations musulmanes wolof des confréries Mouride et Tidiane. « C’est cette mosaïque de peuples et de cultures qui a produit la richesse qui porte la part du Saloum oriental à 57,89% des exportations globales de la colonie du Sénégal entre 1929 et 1940 », a-t-il indiqué. Pr Fall a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de redéfinir les politiques de développement de la nouvelle région de Kaffrine née de la réforme de 2008. Sur ce, il préconise de faire de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) un instrument de mobilisation de son capital intellectuel pour accompagner les autorités nationales et locales dans leur quête pour forger une nouvelle identité à Kaffrine, jadis catalyseur économique de tout le terroir de la colonie du Sénégal. Dans le même ordre d’idées, le recteur de l’Ussein, Pr Amadou Tidiane Guiro, a informé de l’installation d’une Ufr dans la région où il est prévu un Département d’histoire. L’auteur de l’ouvrage Waly Faye est né à Gniby, arrondissement de la région de Kaffrine. Il est titulaire d’un doctorat en Histoire économique et sociale (1999). Inspecteur de l’enseignement moyen et secondaire entre 2004 et 2008, il finalise actuellement une thèse de PhD à l’Université d’Amsterdam. Ibrahima BA « ECONOMIE ARACHIDIERE ET DYNAMIQUE DU PEUPLEMENT... » DU PR WALY FAYE Radioscopie de l’évolution économique et sociale du Saloum oriental Culture de rente, l’arachide a joué un rôle déterminant dans la transformation économique et sociale de la colonie du Saloum oriental. Dans son ouvrage intitulé : « Economie arachidière et dynamique du peuplement au Sénégal » présenté, samedi, à la Place du souvenir africain, Pr Waly Faye, enseignant-chercheur à l’Ucad, retrace les mutations démographiques et économiques de cette partie du pays de 1891 à 1960. LE SOLEIL - LUNDI 12 JUIN 2017 www.lesoleil.sn Société 13 TRIBUNE DU RAMADAN Muhammad, Prophète de l’Humanité Par Professeur Khadim MBACKE 4.4-Le Prophète avec ses proches parents Le Prophète veillait particulièrement sur ses proches.. L'un de ses contemporains dit de lui qu'il était «le plus loyal et le plus soucieux d'entretenir ses liens de parenté.» Dès l’entame de sa mission, il mit un accent particulier sur l’instruction de ses proches parents et leur appel à l'islam , conformément à l'ordre reçu de son Maître en ces termes: «Et avertis les gens qui te sont les plus proches.» (Coran,26: 214). Il n’a épargné aucun effort pour convaincre son oncle paternel, Abou Talib, à se convertir à l'islam. Mais il se heurta ici à la ténacité du patriarche qui, tout en nourrissant la plus grande estime pour son neveu et tout en continuant de le protéger jusqu’au bout, préférait finir ses jours fidèle aux croyances ancestrales des siens ! De son côté, le Prophète, conscient des conséquences dans l’au-delà du refus de répondre à son appel à l’islam, mais aussi de sa dette de reconnaissance envers son oncle protecteur, se croyait autoriser à solliciter le pardon divin au profit de son bienfaiteur. Mais il ne tardera pas à recevoir ce rappel à l’ordre: «Il n'appartient pas au Prophète et aux croyants d'implorer le pardon en faveur des polythéistes, fussent-ils des parents alors qu'il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l'Enfer» (Coran,9:113). Cependant, l’intercession prophétique ne sera pas complètement vaine car elle aboutit à l’allègement de la souffrance du bénéficiaire. Muhammad était inégalable dans son entretien de ses liens de parenté. Très attentif aux affaires de ses proches , il reconnaissait leurs statuts et mérites, les comblait de dons , les consolait en cas d'épreuve et prenait en charge leurs orphelins .C’est ce qu’il le fit avec les deux fils de son cousin Djaafar tombé sur le champs d’honneur à Khaybar en l’an VII de l’Hégire. Il confiait des postes de commandement à ceux d'entre eux qui étaient aptes à les assumer, pas pour les favoriser mais pour éprouver leur disponibilité à se sacrifier pour la cause de l’islam et donner dans ce domaine l’exemple aux autres. C'est dans ce sens qu'il confia à Ali une mission à Khaybar et plaça Djaafar à la tête des immigrés qui se rendirent en Abyssine avant de l’associer plus tard à l’expédition au cours de laquelle il subit le martyr. L'intérêt qu'il portait à ses proches ne le poussait pas à verser dans le népotisme. En effet, les premières intérêts usuriers qu'il annula revenaient à son oncle paternel, Abbas ibn Abdoul Mouttalib. Il en fit de même pour mettre fin à la vendetta perpétrée à l’époque antéislamique au nom du règlement des dettes de sang. Quand l'un d'entre eux commettait un acte répréhensible, il le dénonçait et appliquait les dispositions prévues par la loi. Invité à faire preuve de souplesse dans le traitement d’un crime commis par une dame issue de la noblesse locale, il y opposa une fin de non recevoir en déclarant que si sa propre fille se trouvait dans la même situation, il lui appliquerait la loi… Nafila du 18ème Jour 12 rakkas, soit 6 sallama. Dans chaque rakka, on doit réciter 1 fois la fatiha, 1 fois « Sabisma rabbika lahla », 1 fois « Khoul ya ayouhal kafirouna » et 1 fois « Khoul hou allahou ahad ». Il aura la récompense de celui qui posséderait toutes les richesses de la vie et qui les aurait dépensées sur la voie de Dieu, le Très Haut. Il sera ressuscité avec ceux qui seront à l’abri de la crainte et des angoisses. Vous-êtes reconduit à la tête du Rassemblement islamique du Sénégal-Ris/Al Wahda depuis le deuxième congrès de juillet 2016. Dites-nous ce qui a été fait ? Je suis le président du Rassemblement islamique du Sénégal-Ris/Al Wahda depuis 2012. En juillet 2016, j’ai été reconduit à mon poste après le premier congrès. C’est en 2009 que le Ris a été créé. Notre objectif est de créer l’islam « Wassatiya » modéré qui promeut l’économie islamique et restaure la dimension sociale de cette religion qui doit exister entre les musulmans. L’autre volet est naturellement lié à l’encadrement, à la formation et à la sensibilisation. Nous avons une Mutuelle de crédit islamique avec des guichets ouverts qui marchent comme celui de Ziguinchor, Mbour, Dakar, Mboro, Rufisque ; mais le guichet de Dakar a des difficultés. C’est pourquoi, nous l’avons arrêté à cause d’une absence de cadre légal pour exercer notre activité. La finance islamique n’avait pas de cadre légal. C’est après que l’Etat a fait des efforts avec l’Uemoa jusqu’à mettre en place ce cadre légal. Sans cela, on ne pouvait pas prendre certains risques. Nous avons créé dans les zones où l’enseignement islamique est le parent pauvre des écoles de la réforme appelée « Madarissoul islaaha ». Là où elles ont le plus marché reste Ziguinchor. Ris/Al wahda a un projet agricole et nous avons plusieurs hectares à Koudioubé. L’autre travail que nous faisons, c’est l’entraide entre musulmans. Chaque année, nous organisons une journée de solidarité et chacun d’entre nous apporte sa contribution, aussi minime soit-elle, et nous la distribuons aux plus démunis. Nous avons initié le bassin de solidarité et nous attendons les périodes de soudure. Je vous révèle qu’à une certaine période, quand tu es à Dakar, tu ne mesures pas la portée de certains dons. Mais dans les régions, ils ont un intérêt particulier pour les populations qui n’en reviennent pas. Je peux citer les villages de Saloum. Durant le mois de Ramadan, nous distribuons des kits alimentaires aux fidèles. Plusieurs associations agissent sous le nom de l’islam ; quelle est votre particularité ? Notre caractéristique réside dans le fait que nous avons des membres qui appartiennent à des tariqa (voies) soufies. Cela n’altère en rien à notre cohabitation. Nous sommes dans un monde où ceux qui ne croient pas à l’islam ont un œil sur lui. Cela occasionne les mauvaises interprétations. De plus en plus, les musulmans perdent du terrain dans leur société. Notre objectif est de faire de telle sorte que les musulmans occupent leur place. A part la partie du Fouta, nous sommes présents partout dans les départements du Sénégal. Le mouvement est dynamique et les sections s’élargissent. Entre juillet 2016 et aujourd’hui, nous avons installé cinq sous-sections comprenant au moins 15 membres par entité. On peut avoir une section de 50 membres et les responsables, de par leur volonté, font adhérer plus de membres. L’effet contraire est aussi possible. Nos activités sont guidées par la formation, l’encadrement et l’ouverture. A Oussouye, lorsque nous faisons certaines activités, les non musulmans y participent parce qu’ils y voient un intérêt. Car, elles sont liées au développement. Nous voulons maîtriser le maillage du territoire, avoir un siège fonctionnel au nom de l’association, parce que jusqu’à présent, nous sommes en location. Il nous faut avoir notre autonomie pour pouvoir exécuter notre plan stratégique d’ici à 2020. Je précise qu’au minimum, un membre cotise 1000 FCfa. Le chef de l’Etat, Macky Sall, avait pris des engagements auprès de responsables d’organisations islamiques dont la vôtre. Quel est l’Etat des lieux de ces promesses ? Il n’avait pas pris d’engagements importants parce que lorsqu’il nous recevait au Palais, il était déjà président de la République. Par contre, une partie était reçue en sa qualité de candidat à la présidence. Il avait sollicité auprès de nous la promotion du Plan Sénégal émergent (Pse). Nous lui avions fait part de notre préoccupation. Il avait demandé qu’on lui fasse parvenir des propositions ; ce travail a été déjà élaboré. C’est dans la mise en œuvre que se trouve le blocage. Récemment, il avait appelé à une rencontre pour s’enquérir de l’état d’avancement. Mais quelles sont vos réelles préoccupations ? C’est notre regard sur le développement. Il ne s’agit pas seulement de construire des infrastructures. Notre vision pour le développement est d’éduquer la personne. Il s’agit de fixer le cap, mais en corrélation avec des valeurs de patriotisme. La manière dont le pays fonctionne est tributaire d’un système qui ne favorise que les francophones ayant la chance de réussir, alors qu’ils ne sont pas majoritaires. Il y a des Sénégalais doués, mais n’ont pas choisi d’apprendre le français. Alors qu’il faut unir toutes les matières grises. La faute n’est pas imputable au président, c’est le système qu’il faut changer en l’ouvrant à d’autres. L’islam est attaqué de toutes parts à cause du jihadisme. Qu’est-ce qui l’explique ? L’extrémisme résulte d’une humiliation, d’un manque de retenu et de frustration. Les attentats de Madrid, de Pakistan, des Coptes en Egypte sont liés à des causes particulières. C’est une personne qui croit avoir subi un tort et qui décide de se venger. Mais l’islam n’a rien à voir làdessus. C’est une affaire de société. Les commanditaires d’attentats de Londres des années 80 n’étaient pas des musulmans. Mais celui le plus médiatisé est celui qui met en cause des musulmans. Même si l’attentat est avorté, on pointe du doigt l’islam. L’Occident l’encourage, parce que connaissant l’avancée de cette religion. Donc, il ne faut pas qu’on diabolise les musulmans en faisant une relation avec la violence, la haine. Les extrémistes sont des personnes qui ont des problèmes dans leur société. Ce qui se passe en Europe concerne des personnes qui n’ont aucun contact avec le monde islamique. Ils sont de purs produits de l’Occident. Ils n’ont appris l’islam qu’à travers les réseaux sociaux, les rues et s’approprient un slogan pour combattre cette religion. D’autres soi-disant islamistes portent un combat qui n’est pas le leur. Quel est le remède à cela ? Il faut une société juste et équitable permettant aux opprimés de réclamer leur droit et d’avoir une liberté de choix. C’est l’absence de justice sociale qui est à l’origine de ces attentats. CHEIKH MOKHTAR KEBE, PRESIDENT NATIONAL DE RIS/AL WAHDA « Il faut une société juste et équitable pour éradiquer le djihadisme » Originaire de Bargny, Cheikh Mokhtar Kébé a fait ses humanités au franco-arabe El hadji Ibrahima Niass de Dakar avant d’aller au Soudan pour approfondir ses études islamiques pendant huit ans. Au retour, il fait l’école normale supérieure et obtient son Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire (Caes). Aujourd’hui, président du Rassemblement islamique du Sénégal-Ris/Al Wahda, il jette un regard critique sur le monde islamique avec ses lunettes de professeur arabe en service au lycée moderne de Rufisque. Propos recueillis par Serigne Mansour Sy CISSE
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